L'industrie pharmaceutique dépend largement de molécules naturelles issues de plantes telles que la quinine, la colchicine ou la vinblastine, qui composent environ 30% des médicaments actuels. Cependant, la production de ces molécules nécessite des cultures intensives, entraînant des impacts négatifs sur l'environnement, la qualité du produit final et la prédictibilité des approvisionnements.

Marina Guillet, immunologiste à l'université d'Amiens, a consacré plus de dix ans à la recherche d'une alternative durable. Son travail a abouti à la création de Samabriva en 2011, une entreprise focalisée sur la production industrielle de molécules végétales en laboratoire. Le procédé repose sur la symbiose entre la plante et certaines bactéries, générant une molécule recherchée lorsqu'une bactérie infecte la plante.

Samabriva a choisi la Wallonie pour son expansion industrielle en raison de l'écosystème favorable en biotechnologies et bioproduction. La proximité avec Amiens, où restera localisée la recherche et développement (R&D), et les partenariats existants avec des sociétés belges ont été des facteurs décisifs. La construction de l'unité de production industrielle est financée par une levée de fonds de 4 millions d'euros, avec le soutien de Business Angels, de la Banque publique d'investissement (France), et de la Région wallonne.

Le procédé innovant de Samabriva repose sur l'isolation et le développement en milieu liquide du "cheveu racinaire" de la plante, généré en réponse à l'infection bactérienne. Contrairement à la modification génétique, il s'agit de génie génétique, modifiant l'expression naturelle des gènes dans la plante sans injection de substances extérieures. Cette technologie permet une production constante, offrant une prédictibilité des approvisionnements et une qualité de produit final essentielles pour l'industrie pharmaceutique.

La production en milieu confiné et stérile, en opposition aux cultures en champs, offre une productivité jusqu'à 1000 fois supérieure. Cette approche révolutionnaire attire l'industrie pharmaceutique en offrant une solution plus durable, avec une pureté constante et une disponibilité tout au long de l'année.

L'unité de production de Samabriva devrait être opérationnelle d'ici la fin 2024 ou le début 2025. Ce projet ambitieux devrait également contribuer à la croissance de l'entreprise, faisant passer ses effectifs de 10 à 25 ou 30 personnes.

Samabriva se lance dans une production pharmaceutique plus durable, prévisible et respectueuse de l'environnement. Cette initiative s'inscrit dans la continuité de l'engagement croissant en faveur de l'innovation dans le secteur pharmaceutique wallon.